mardi, juillet 11, 2006

Plus aucun plaisir dans son boulot

Les pleurnichards professionnels vous ont toujours exaspéré, mais il faut admettre que, ces temps-ci, votre boulot et vous, ce n'est pas le grand amour. Le matin, la perspective de vous lever pour aller au bureau vous met le cafard. Et le soir, c'est pire. Vous savez que de longues heures d'insomnie vous attendent avec leur cortège d'idées noires.

Ambiance :
Bref, depuis six mois, rien ne va plus. Votre marché est en train de rétrécir et, comme l'entreprise a fait les mauvais choix technologiques, vous souffrez encore plus que les concurrents.
De stressé, le chef de projet en est devenu tyrannique. Il a déjà poussé à la démission deux de vos meilleurs éléments. C'est d'autant plus ennuyeux que Granchef, refroidi par le recul des ventes, rechigne à remplacer les déserteurs.
Hier, le responsable technique a claqué la porte à son tour, dégoûté.

Du coup, vous sentez que vous allez devoir vous occuper des tâches ingrates qui n'ont rien à voir avec votre job. Vous avez beau essayer de positiver, vous ne retrouvez rien de cet esprit start-up qui vous avait séduit lorsque vous êtes arrivé. Les grands projets? Tous différés. L'esprit d'équipe? Envolé. Même la promotion qu'on vous a laissé entrevoir en début d'année vous laisse froid. Il y a des moments où vous vous demandez ce que vous faites là...

Trois options s'offrent à vous :

suite... --------------------------------------------------------------------------------------------

LE PLAN RADICAL
N'importe quelle entreprise peut faire un mauvais choix technologique et ce n'est pas la fin du monde quand on réagit à temps. Hélas! ce n'est visiblement pas l'état d'esprit de votre boîte. Granchef s'enfonce dans le défaitisme et il vous entraîne dans sa spirale.
Pour retrouver l'énergie qui vous faisait sauter du lit dès l'aube, il vous faut un projet d'une autre envergure. C'est décidé, vous cherchez un nouveau job.
Et en attendant le moment où vous pourrez remettre solennellement votre démission à Granchef, vous positivez en vous disant que cette expérience malheureuse ne l'est pas tant que ça, car elle vous a permis de faire le point sur ce que vous n'acceptez plus de la part d'un employeur.
C'est étonnant comme vos tracas quotidiens deviennent supportables depuis que vous avez pris votre décision !

LA ZEN ATTITUDE
Vous avez perdu toute satisfaction au travail et vous sentez que vous êtes en train de devenir votre pire ennemi. Il faut que vous vous ressourciez. Un petit break dans la maison familiale des Pyrénées vous fera le plus grand bien.
Et si, au retour, vous pensiez un peu à votre intérêt personnel ? Vous prenez trop à cœur les problèmes de votre employeur.
Pour définir vos vraies priorités, vous faites un petit "mapping" avec un axe "Plaisir à accomplir mes tâches" et un autre intitulé "Utilité d'accomplir mes tâches". Tout ce qui est à la fois peu utile et déplaisant, vous ne vous en occupez plus.
Quant aux tâches indispensables, vous faites deux tas, et vous vous efforcez de déléguer celles qui vous rebutent vraiment. Ce mapping ne va pas régler tous vos soucis, mais au moins contribuera-t-il à rendre votre job un peu moins morose.

LE COUP TORDU
Puisque vous ne croyez plus du tout à vos chances de redresser la barre, vous ne voyez qu'une solution : laisser se dégrader la situation dans l'espoir que l'entreprise se retire totalement de ce marché pourri et que Granchef vous transfère dans un département où les perspectives d'avenir sont à votre mesure.
Si vous voulez que votre plan fonctionne, vous devez bien sûr veiller à ce que la responsabilité de votre échec ne vous revienne pas en pleine figure. Pour cela, il vous faut faire comprendre en haut lieu que le principal coupable de la déroute n'est autre que votre adjoint. Pas glorieux comme attitude ? Certes. Mais les démissions en chaîne dans l'équipe sont en grande partie dues à son odieux caractère. Vous l'aviez toujours défendu, mais il est temps de lui faire payer ses fautes.

Par Anne-Sophie Bellaiche – Publié dans Management , janvier 2006