mardi, juillet 11, 2006

Faut-il s’intéresser à la vie privée de ses salariés ?

Les événements personnels ne regardent pas, a priori, l'entreprise. Si ce n'est qu'ils peuvent influer sur le travail. Le comptable s'est marié, la directrice commerciale a des problèmes avec son fils, l'assistante vient de perdre sa grand-mère...

Certains patrons sont au courant de la situation personnelle de leurs collaborateurs, d'autres n'en veulent rien savoir.
Pour les premiers, connaître les salariés, c'est bon pour tout le monde, car mieux on répond à leurs besoins, mieux ils travaillent !
Les seconds considèrent en revanche qu'il ne faut pas tout mélanger.
Les deux sont d'accord sur un point : il est bon de se préoccuper des événements qui ont des répercussions sur l'organisation du travail. "Je pense notamment aux naissances et aux déménagements", indique Michèle Pilczer, présidente du cabinet MP Conseil.

Mais s'intéresser de manière... désintéressée à la vie d'un employé ne fait pas partie des priorités des managers.
Il est vrai que, désormais, les lois sur le respect de la vie privée ont de quoi les refroidir. Car les informations demandées à un salarié ne doivent permettre que d'apprécier sa capacité à occuper l'emploi proposé. Bref, son état de santé, sa vie sexuelle, son logement, la profession de son conjoint ne regardent pas les employeurs... en principe.

Voici 4 expériences vécues du totalement pour au carrément contre :

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TOTALEMENT POUR
Philippe Bénacin, PDG d'Inter Parfums (création et production de fragrances):
"Un collaborateur travaille mieux quand il se sait écouté. Les gens savent qu'ils peuvent venir me parler. Si un employé se sent bien, c'est bon pour son travail et chacun y trouve son compte ! Et si quelqu'un traverse une passe difficile, il me paraît important d'en être informé afin, par exemple, d'aménager ses horaires. Plusieurs collaborateurs m'ont, par la suite, confié que les discussions que nous avions eues les avaient aidés à faire face à leurs problèmes."

POUR
Xavier de La Tour, PDG de super-secretaire.com (site Internet):
"Etre au courant de certaines choses, oui, mais sans toucher à l'intimité. Oui, on doit s'intéresser à la vie privée de ses salariés mais sans devenir inquisiteur. Je favorise les discussions spontanées où les gens parlent d'eux. Savoir qu'un collaborateur a des difficultés à faire garder ses enfants peut ainsi aider à comprendre qu'il arrive parfois en retard. En revanche je me garde de poser des questions intimes. Cela risque de mettre l'interlocuteur en position embarrassante et de friser le voyeurisme."

PLUTOT CONTRE
Myriam Sander, Fondatrice de Go Public (agence de communication):
"Je me renseigne quand un problème a un impact professionnel. J'ai eu une patronne, quand j'étais moi-même salariée, qui passait son temps à poser des questions sur la vie privée des gens. Cela lui permettait d'avoir une emprise psychologique sur eux. Aujourd'hui, dans mon entreprise, je veille donc à maintenir une certaine distance. Seule exception : si un problème privé interfère sur le travail, j'en discute avec l'intéressé. Et je lui laisse une semaine pour reprendre le dessus."


CARREMENT CONTRE
Pierre Cazaux, Président de Dragon Rouge (agence de design):
"Un patron n'a pas vocation à être le confident de tous ses salariés. A mes yeux, c'est une question de respect : l'entreprise n'a pas à rentrer dans la vie privée de ses salariés. Moi, je m'intéresse à ce qu'ils font au travail, pas chez eux. Je peux néanmoins intervenir sur le plan matériel, par exemple en leur accordant une avance financière. Mais il ne me paraît pas normal d'aborder avec eux des sujets personnels. S'ils ont besoin de se confier, ils peuvent toujours le faire auprès de certains collègues."

Par Morgane Miel – Publié dans Management, janvier 2003